La question est sans réponse
étant donné que rien nous disent les documents et que la tradition orale est
muette.
Il s’agit sans doute d’une
création populaire, peut être inspirée à un type drôle
qui n’a pas laissé des traces, ou bien, notre peuple a mirabilment
fusionné en lui sa veine de celui qui aime à rire, sa spontané tendance à la
finesse d’esprit, son geste un peu grossier mais toujours agréablement
comique pour les mots farceuses et risibles. Car au fond, Gioppino est tout
simplement une très charmante caricature de notre peuple rustique, il a prit le
langage grossier, les défauts, la rudesse jointe à une ruse instinctive, une
drôle d’ignorance qui lui permet toujours une rapide et simple compression
des choses; il imite les gestes et surtout l’indomptable appétit qui sont
prérogatives de nos paysans.
Dans la tradition, Gioppino (peut-être corruption du nom Giuseppino), natif de Zanica, est le fils des paysans Bortolo Zuccalunga et Maria Scatolera; il est trapu, avec une expression gaie et bonasse, de manière et langage très grossiers, bon diable, avec un grand coeur, le cou énormément déformé par trois gosiers colossaux (qui sont à la fois sa caractéristique physique et le blason de sa famille). Il est patient jusqu’à quand on ne lui font pas enflammer les «grenades» ou les «corails», ainsi il appelle de façon poétique ses gosiers. Toujours amoureux de sa Margì, il l’épousera, et ils auront un poupon, Bartolì de Sanga, qui perpétuera la lignée des «gosiers».